Un premier vol à la Sainte Baume
C'est l'Automne, depuis plusieurs semaines des épisodes dits « méditerranéens » balayent notre région. Lorsqu'il ne pleut pas, le vent est fort, très fort, trop fort pour voler !!! La plupart du temps, dès qu'il y a coin de ciel bleu c'est du vent de secteur nord et il fait froid, très froid !
Mathilde et moi n'avons jamais volé par vent de secteur nord dans le région mais uniquement du côté de Séderon. Cela s'explique un peu parce que nous connaissons bien le caractère rafaleux du fameux Mistral qui aime tant traverser notre région et un peu aussi parce que les sites qui volent en nord chez nous sont rares et plutôt (très) pointus que ce soit en terme de pilotage ou d'analyse aérologique.
C'est dans ce contexte que germe dans nos têtes l'idée de faire un vol à la Sainte Baume. Partant du constat que le Sainte Baume n'est pas un site FFVL officiel, même si le site internet des abeilles du plan d'aups présente bien les lieux, il va nous falloir un guide...
La providence fait que ce guide
potentiel nous avons la chance de l'avoir depuis quelques temps aux
pins volants, c'est Rodolphe, un compétiteur très doué qui
travaille, habite et vole sur la Sainte Baume... Il aime partager ses
connaissances dans le domaine du parapente notamment sur son site
http://Skyriding.fr
Le 10 novembre 2019, les conditions semblent favorables pour un vol à la Sainte Baume. Du vent de secteur Nord est attendu avec une bonne vingtaine de km/h prévus sur la fin de matinée avant de se renforcer en début d’après-midi. Il fait 0°C dehors et avec le vent présent dès l'aube la température ressentie est encore bien inférieure ! Mathilde renonce.
Avec la magie de l'application « Whats App » nous nous retrouvons une bonne dizaine de pilotes de différents clubs n'ayant jamais volé à la Sainte Baume en compagnie de notre gentil guide Rodolphe.
Le rassemblement prend un certain
temps, nous montons en nous disant bien que les chances de voler
seront minimes.
Arrivés sur la crête nous apercevons
du monde en l'air, ce sont les parapotes des Ailes de Signes. Là on
y croit !!! On se dit quand même que ça va être mouvementé...
Nous voilà sur le déco, ça décolle
alors oui pour décoller ça décolle fort !!! On commence la
préparation et le vent accélère, les décollages deviennent
dangereux, en l'air on voit des oreilles apparaitrent et même si on
ne pouvait pas le voir, on se doutait bien que certains devaient serrer les
fesses !!! A l'exception de Rodolphe qui nous fait une
magnifique démonstration de maîtrise de voile (voir vidéo) ,
Nous renonçons pour la plupart et redescendons à pieds...
Ce décollage est technique car le vent
y accélère très vite mais une fois en l'air, le vent n'excédait
pas les 18 km/h permettant un vol de 2h dans de généreux thermiques
pour Rodolphe.
Il faut
accepter que ce n'était pas le jour de notre premier vol à la
Sainte Baume. La revanche n'en sera que meilleure...
Jour J : Samedi 30 octobre 2019 à
00 h 01 !!!
Et oui pour faire un vol comme celui-là
il faut se lever tôt ! ;-) Vous me croyez pas ? Lisez la
suite...
Donc il est minuit passé à Cuges-les-pins,
la réunion du comité directeur des pins volants se termine, on a
bien rigolé avec un JC en super forme (ceux qui le connaissent bien
comprendront ;-) ). En parlant du petit créneau repéré pour la fin
de matinée prévu en nord tournant au nord ouest puis sud-ouest, bizarrement, je
ne sens personne vraiment emballé.
Qu'a cela ne tienne après une semaine
de boulot bien chargée (ca reflète pas vraiment la réalité mais
au moins c'est politiquement correct) Mathilde et moi avons besoin de
« prendre l'air » dans tous les sens du terme. Gravir la
Sainte Baume va nous faire le plus grand bien et si on vole et bien
c'est juste la cerise sur le gâteau !!!. On met le réveil à
08h00 (un sacrilège pour un samedi !!!) et nous voilà en route pour
un bon repérage d’atterrissage en règle. Le triangle de la tourne
est bien visible, trois chemins de terre qui forment un triangle. On
a de la chance ils sont remplis d'eau, enfin de glace, on devrait
bien le voir d'en haut. Nous voilà rassurés, c'est un boulevard
avec deux bons repères qui sont l’hôtellerie de la Sainte Baume
et les chambres d'hôtes la maison rouge. On part donc direction le
parking du centre de vacances de la Pastorale munis du code du
cadenas et nous garons notre voiture en prenant soin de bien refermer
le portail.
10 h 15 on monte par le chemin facile
que nous a montré Rodolphe, il est plus long mais il permet de
profiter de la magnifique vue depuis la crête. Dès le début de la
montée, on rattrape un groupe dans lequel je crois reconnaître
Pablo, il s'agissait en réalité d'un groupe de mémés toutes
équipées de matos lights sur le dos. (ça j'avoue que je suis pas
sûr). Elles n'ont pas osé nous demander ce qu'on transportait dans
nos gros sacs donc on a échangés justes des sourires et des bonjours.
Arrivés au sommet, il est 11h00 on est
pris au piège de la Sainte Baume, nous sommes envoûtés par la vue
comme Ulysse par le chant des sirènes, d'un côté la mer et la
capitale du parapente Cuges-les-pins et de l'autre la Magique Sainte
Victoire et des sommets enneigés en arrière plan.
Ressaisissons-nous cette fois il ne faut pas rater le créneau
et il reste encore 15 minutes de marche...
11h15 nous sommes sur le décollage,
il n'y a pas de manche à air, soit, je trouve un vieux morceau de
rubalise dans une touffe de thym que j'attache au bout d'un bâton,
ça fera l'affaire. On se retrouve Mathilde et moi bien seuls au
déco. Et là me revient en tête un dicton de JC du style « Si
tu te retrouves seul sur un déco un week-end, poses-toi les bonnes
questions ! »
On analyse la situation, le vent est
plein nord, juste ce qu'il faut pour décoller sans se faire
arracher. On se dit que sans vent on ne décollerait pas de ce site
qui comporte plusieurs restanques sous le déco. Lorsque la décision
est prise de se préparer notre manche à air de fortune commence à
faiblir et à nous indiquer de petites rentrées en Nord Ouest comme
prévu par notre analyse météo. On pensait décoller plus tôt !!! Il
est bientôt midi. On se dit que le vent commence à tourner et qu'il
va falloir vite décoller si on ne veut pas se retrouver sous le
vent.
Tout a coup nous apercevons deux (vrais
cette fois) parapentistes en approche sur la crête, il s'agit de
Christelle et Renaud à qui j'avais parlé de notre projet de vol à
la Sainte Baume quelques heures plus tôt lors de la réunion du
comité directeur des pins volants. Là, nous voilà rassurés, nous
ne sommes pas seuls, nous sommes d'accord sur l'analyse et la
stratégie à mettre en place pour effectuer ce vol.
Durant le préparation, l'intensité du
vent baisse et les créneaux vents de travers se font plus nombreux,
le choix du créneau devient important.
Mathilde s'élance en premier, en
faisant un beau gonflage !
Ca décolle en bout de piste et ça
monte...
Puis c'est au tour de Christelle, un
décollage nickel, carré !!!
Puis c'est mon tour, je suis pressé,
trop pressé, je gonfle ma voile sur un mauvais créneau, je cours
quelques mètres puis ne s'entant pas suffisamment la voile dans mes
commandes, je stoppe pour mieux recommencer sur un créneau plus
alimenté et mieux orienté.
Le temps que je me remette en place,
Renaud décolle sans souci...
Je suis le dernier à décoller. Je
commence à partir vers l'ouest le long de la crête en me disant
qu'il ne faudra pas aller loin pour ne pas se mettre sous le vent de
la crête qui fait un virage. Ca tenouille, je fais rapidement
demi-tour, je sens bien la tendance Nord ouest et que j'ai un peu de
vent dans le dos. Ca tenouille toujours et je prends même quelques
petites ascendances mais elles sont suivies de dégueulantes
équivalentes, les bouts d'ailes de ma voile me parlent et me disent
que rester au relief ne serait pas une bonne idée. Devant moi
Renaud a quitté le relief, je fais de même lorsque je suis a peu
près au niveau de l'hotellerie de la Sainte Baume. Je fais mon
virage, je me mets face au vent et là, j'ai l'impression de ne plus
avancer, (l'analyse de mon vario m'indiquera 12 km/h) bras hauts, au
contact de la voile, mon vario fait retentir l'alarme taux de chute
programmée à -2,5 m/s. Dès son retentissement j'entame un virage
pour tirer des bords vers l'atterrissage ce qui me fait reprendre
immédiatement une vitesse et un taux de chute acceptables. J'ai le
temps d'admirer le paysage et de voir Renaud tenter de profiter de la
chaleur d'un feu d'herbes de paysan pour rallonger son vol. Je tente
une nouvelle fois de me mettre face au vent, rebelotte, ça descend,
je rectifie à nouveau et me fait une raison, je profite paisiblement
de ma fin de vol et vais atterrir à quelques mètres de Mathilde, en
douceur porté par un vent soutenu jusqu'au sol, tout content de ne
pas avoir eu le gradient récurrent que nous avons eu lors de nos
derniers vols. Je retrouve Mathilde qui m'explique avoir fait
exactement le même vol que moi.
Christelle et Renaud on atterri à
l'autre bout de l'atterrissage nous les rejoignons, faisons une belle
photo souvenir et rentrons ensemble à pieds aux voitures laissées à
la Pastorale et nous nous quittons heureux de notre premier marche et vol
à la Sainte Baume.
Alexandre Z
Photographies du bas : Renaud U.
Commentaires
Enregistrer un commentaire